Capacité stéréoscopiques de SPOT 5 (dessin CNES/IGN) |
Conférence de
Jean-Philippe Cantou
Institut géographique national (IGN Espace), Toulouse
Mardi 27 septembre 2011 à 18 h
Salle de conférence Calypso - Thales Alenia Space
100 Bd du Midi Louise Moreau – Route du bord de mer
Cannes-la-Bocca
Cannes-la-Bocca
Comme chacun sait, la décision d’une infrastructure cartographique nationale remonte à l’époque de Louis XIV, avec l’élaboration de la carte dite de Cassini. Au XIXème siècle, c’est la carte dite d’État-major qui prend le relais, et au XXème le Service Géographique de l’Armée, devenu Institut Géographique National pendant la déroute de 1940, élabore la carte topographique de base au 1 :25 000 que nous connaissons aujourd’hui, en 2000 feuilles, dont la dernière sort en 1987. Entre-temps, dans les années 50, la technique de levé photogrammétrique à partir de prises de vues aérienne s’était généralisée, en métropole puis dans les colonies, si bien que l’IGN déployait encore une flotte d’une douzaine d’avions photographes dans les années 70. Actuellement, avec seulement 3 avions, l’IGN renouvelle un tiers du territoire national en images numériques d’une définition de 25 à 50cm au sol, qui permettent de mettre à jour plusieurs bases de données géographiques de précision métrique, dont est dérivée une carte de base toujours à l’échelle du 1 :25000 ainsi que plusieurs cartes thématiques.
Les satellites d’Observation de la Terre sont apparus dans les années 70, la filière française opérationnelle a vu le jour avec Spot1 en 1986. Mais faute de définition au sol suffisante (10m au mieux), l’utilisation des images Spot ne se développe que sur des territoires peu urbanisés et mal cartographiés, là où elle constitue une alternative efficace à la prise de vues aériennes. La guerre du Golfe de 1990-91 offre ses premiers véritables succès à Spot. Les « spatiocartes » établies par l’IGN pour l’État-major sur le Koweit et le sud Irak constituent la seule alternative aux cartes anglaises obsolètes et aux images Landsat américaines peu précises, si bien que les frappes aériennes des alliés en tirent un large profit. Pour l’établissement de cartes précises au 1 :50 000 par télédétection satellitaire, il faudra attendre la « révolution » Spot5 en 2002, avec des pixels de 2,50m au sol et une capacité stéréoscopique enfin fiable. En particulier, la description du relief avec une précision des altitudes de l’ordre de 5 à 10m devient possible sur de vastes zones du monde où la photographie aérienne serait trop coûteuse et fastidieuse à exploiter. Les techniques de corrélation automatique appliquées aux images stéréoscopiques prises par Spot 5 permettent ainsi de décrire en moins de 10 ans la surface topographique de plus de 50 millions de km2 de terres émergées, soit près de 100 fois la superficie de la France, la collaboration 100% française sur le produit Référence3D®, entre Spot Image, l’IGN et le Ministère de la Défense, permettant à la fois des applications civiles et militaires et assurant des redevances sur les ventes à l’export.
L’observation spatiale prend enfin toute sa valeur technique et économique au service de projets d’infrastructure cartographique nationale, comme au Sénégal ou au Burkina Faso.
Dans les pays industrialisés et surtout en Europe où l’histoire a façonné des villes aux ruelles bien étroites, la photographie aérienne règne en maître et encore pour longtemps, de par sa souplesse de mise en œuvre et la réponse adéquate qu’elle fournit pour la réalisation de modèles 3D urbains réalistes, qui remplissent peu à peu les globes virtuels.
Mais l’arrivée début 2012 du premier satellite Pléiades, conçu par le CNES dans la lignée de quelques prédécesseurs américains, devrait permettre de mieux servir une demande de renouvellement plus fréquent des couvertures d’images, en particulier grâce à une politique de prix favorisant une large utilisation par les acteurs publics, au service des politiques d’aménagement du territoire et de suivi de l’environnement.
Jean-Philippe Cantou
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